Le Musée de l'Hôtel-Dieu

Au cœur du centre historique de Mantes-la-Jolie, à deux pas de la Collégiale médiévale Notre-Dame, le Musée de l’Hôtel-Dieu témoigne de la riche histoire de la ville. Des travaux de rénovation entrepris entre 2017 et 2020 ont permis de repenser la mise en valeur des collections et de redonner à la façade son ancien éclat.

Expositions temporaires

les expositions temporaires

Tout au long de l’année, le musée organise des expositions temporaires. Elles sont l’occasion d’approfondir nos connaissances sur les collections du musée et de faire découvrir au visiteur l’histoire et le contexte mantais d’hier et aujourd’hui.

Les Collections permanentes du Musée de l’Hôtel-Dieu

Le Musée de l’Hôtel-Dieu abrite une collection évoquant plusieurs siècles de création artistique sur trois niveaux.

Le Rez-de-Chaussée : Patrimoine et art à Mantes-la-Jolie, du Moyen-Âge au XXe siècle

Dès notre entrée, le musée de l’Hôtel-Dieu nous surprend. Nous sommes accueillis par une Fuite en Egypte* du maître de la peinture de paysage du XIXe siècle : Jean-Baptiste-Camille Corot. Dépôt de la ville voisine de Rosny-sur-Seine, cette œuvre souligne le fait que les artistes peintres ont depuis longtemps considéré les bords de Seine comme lieu de création privilégié. Camille Corot a peint de nombreuses œuvres à Mantes, notamment des vues romantiques de la Collégiale Notre-Dame.

*(Re)découvrez depuis chez vous l'œuvre de Corot, "La Fuite en Egypte", à travers une expérience artistique sensorielle, personnelle et méditative.

Le Moyen-Âge et le passé religieux de la ville

Dès le XIXe siècle, une sensibilisation au patrimoine émerge à Mantes-la-Jolie autour de la préservation de la Collégiale Notre-Dame. Alphonse Durand, architecte mantais ami du célèbre Eugène Viollet-le-Duc, est en charge de sa restauration suite aux actes de vandalisme de la Révolution. Il réunit les sculptures endommagées et les dépose dans les tribunes de l’édifice pour les sauvegarder.

Certaines de ces sculptures sont présentées au sein du musée, dont un ensemble de têtes provenant du portail central. Aujourd’hui chefs-d’œuvre de la collection médiévale, ces têtes n’ont rien à envier aux façades sculptées contemporaines de la cathédrale de Senlis ou de l’abbatiale de Saint-Denis. Les yeux en amande, les bouches ourlées et les chevelures finement ciselées sont de beaux exemples d’exécution du premier art gothique.  Ce dépôt s’est enrichi depuis le début du XXIe siècle de mobiliers provenant d’autres églises de Mantes : la Chapelle Saint-Jacques et l’église Saint-Anne de Gassicourt. Cet ensemble témoigne de la haute qualité de la production artistique et artisanale régionale. 

Mantes sous le pinceau des peintres

La dernière salle du rez-de chaussée met en avant les peintres qui ont joué de leurs pinceaux à Mantes-la-Jolie au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Entre modernité et ruralité, la ville est un fascinant sujet à explorer. La Seine, les lavandières, les cheminées d’usines, les baigneurs et voiliers habitent les œuvres d’Hippolyte Camille Delpy, d’Albert Dagnaux, d’Abel Lauvray et d’Alfred Veillet.

Le premier étage : l’exceptionnelle collection Maximilien Luce

Collection Maximilien Luce

L’une des principales raisons de venir au musée de l’Hôtel-Dieu est de (re)découvrir l’artiste Maximilien Luce. Frédéric Luce fait don en 1971 d’une partie du fonds d’atelier de son père, à la condition « d’exposer les œuvres dans les locaux aménagés rue de la Heuse, dans l’ancienne chapelle de l’Hôtel-Dieu ». La collection compte aujourd’hui près de 350 œuvres : peintures, dessins, estampes, tirages, céramique. Une grande partie est aujourd’hui exposée au sein des collections permanentes, retraçant de façon chronologique et thématique la vie et l’œuvre de Luce.

Maximilien Luce - artiste peintre, dessinateur, graveur - fait partie de la génération post-impressionniste. Il naît en 1858 à Paris et y meurt en 1941. C’est un homme ancré dans son époque, fasciné par la modernité et les changements de modes de vie qu’elle induit. Luce représente les hommes de son temps avec sincérité et authenticité. Il est présent dans de nombreuses collections prestigieuses autour du monde (Musée d’Orsay, Giverny, Metropolitan Museum…), où sa période néo-impressionniste est davantage mise en avant. Proche de Georges Seurat, Paul Signac, Henri-Edmond Cross, Luce est en effet un divisionniste de la première heure. Le Musée permet également de découvrir le reste de son œuvre : des influences du réalisme et de l’impressionnisme du début de sa carrière, à la simplification formelle et à la puissance des couleurs de la fin de sa vie, dans le calme de la région mantaise.

En effet, Luce s’installe en 1921 à Rolleboise, à quelques kilomètres de Mantes-la-Jolie. Il y trouve un apaisement et s’intègre dans la lignée des artistes charmés par la Seine et ses motifs. Après tout, nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de Giverny et de la demeure de Claude Monet.

 

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Les premiers musées du square Brieussel-Bourgeois

L’histoire des musées à Mantes-la-Jolie ne démarre pas avec l’Hôtel-Dieu. Trois collectionneurs privés ont offert leurs collections à la ville à partir de la fin du XIXe siècle. Elles sont aujourd’hui conservées dans les réserves municipales, et sont régulièrement valorisées lors d’expositions temporaires au musée.

Le Musée Mesnil

Auguste Mesnil (1828-1911) crée le tout premier musée de Mantes-la-Jolie. Instituteur passionné par l’histoire naturelle, il rassemble pour illustrer ses leçons, une collection d’objets didactiques : objets minéralogiques, archéologiques, paléontologiques, botaniques issus du Mantois et du Vexin. Après vingt ans d’enseignement dans les écoles mantaises, il souhaita que son “modeste cabinet” puisse servir d’exemple à tous les professeurs et élèves de Seine et Oise. Ainsi, le 8 février 1892, il offrit ses collections à la ville qui le nomma conservateur du musée. Dans un premier temps installé dans une salle d’école primaire, le musée de l’Hôtel Brieussel ouvrit ses portes en 1909. La présentation des objets était guidée par une forte ambition pédagogique, les vitrines étaient volontairement très fournies pour offrir une vision exhaustive et chaque objet était rigoureusement étiqueté. Il accueillait de nombreux visiteurs et fût un lieu de recherche et de support pédagogique actif.

Le Musée Duhamel

La même année, un nouveau musée est créé dans le square Brieussel Bouregois ; le musée Duhamel. Victor Duhamel (1837-1918), et son épouse Louise née Herson, ont réuni une collection éclectique au cours de leurs voyages autour du monde. Le musée de l’Hôtel-Dieu conserve aujourd’hui une importante partie des 2 447 objets inscrits à l’inventaire de 1914. La collection la plus importante est celle de céramiques, avec des pièces de toutes régions et de tout type. Le musée possède également une collection textile, une collection d’orfèvrerie, de bijoux, d’armes, de mobilier, de peintures, de sculptures, d’objets ethnologiques et exotiques, de médailles et monnaies, de miniatures, de gemmes, de mosaïques etc. Ces collections reflètent le goût éclectique des Duhamel, caractéristique de cette époque.
Pour en savoir plus sur le Pavillon Duhamel.

Les collections franco-russes

4 632 objets vinrent enrichir les collections de la ville en août 1903. Cet immense ensemble fut offert par Philippe Deschamps, publiciste fasciné par un évènement diplomatique historique de son époque : l’alliance franco-russe (1891-1917). Il utilisa sa fortune pour réunir 30 000 objets commémorant le pacte, les signatures de traités, les rencontres entre tsars et présidents français. Guidé par le rêve que sa collection puisse être utile, il fonda un musée à Paris : le musée Nicolas II. Ce musée ne fut qu’éphémère et Deschamps répartit ses collections dans plusieurs villes ou musées français et russes. La ville de Mantes bénéficia de ces dons car Deschamps y passa son enfance. Les donations furent affectées au musée Mesnil en 1903 et 1904 : on y remplit 12 vitrines d’objets et accrocha 250 tableaux. Collectionneur curieux, Deschamps fait don également d’objets d’art : des statuettes gréco-romaines, des antiquités orientales, une main de momie, des sculptures de maîtres…

Cette aventure des premiers musées mantais prit fin à la Seconde Guerre mondiale, lorsque ces lieux furent d’abord fermés puis endommagés et pillés.

Un peu d'histoire

L’Hôtel-Dieu est une institution hospitalière médiévale qui sert la mission d’hospitalité et de charité de l’Eglise en accueillant et soignant les pauvres, les orphelins et les mendiants. Bien qu’un Hôtel-Dieu existe à cet emplacement depuis le XIVe siècle, le monument aujourd’hui conservé date du XVIIe siècle.
La chapelle, lieu occupé par le musée aujourd’hui, avait un plan simple avec une grande nef et un chevet plat.
À partir du XVIIIe siècle le bâtiment connaît diverses occupations. Désaffecté en 1854 et vendu par lots, il abritera successivement un théâtre, un café, un cinéma et une salle de bal, "le Petit Montmartre", avant d'être acquis par la ville en 1962.

Avec la Collégiale Notre-Dame voisine, c’est l’un des rares monuments qui n’a pas été détruit par les bombardements alliés du 30 mai 1944. En 1964, la chapelle de l'Hôtel-Dieu est inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques et sa façade du XVIIe siècle est classée en 1948. Aucun décor intérieur ne subsiste mais la façade témoigne encore de son âge d’or. Harmonieuse et classique, elle a conservé ses pilastres corinthiens, sa grande rosace surmontée d'une tête d'ange ailé, et ses ornementations (coquilles, guirlandes...). La restauration de l'édifice achevée, le musée de l'Hôtel-Dieu est inauguré en juin 1996.

Les travaux de restauration de 2017 à 2020

Les travaux ont permis de réaliser le nettoyage et la rénovation des espaces intérieurs et extérieurs. Les pierres ont retrouvé leur clarté, les boiseries leur couleur grise typique des édifices religieux du XVIIe siècle. Un important remaniement muséographique a également été mené. Les aménagements des espaces et des dispositifs de médiation ont été repensés pour améliorer l’expérience de visite, tout en garantissant les bonnes conditions de conservation des œuvres. Une attention toute particulière est apportée à l’accueil des visiteurs de tous âges, avec des espaces pédagogiques et outils spécifiques pour les plus jeunes.

Depuis 2002, le Musée de l’Hôtel-Dieu est labellisé Musée de France. Ce label induit un ensemble de critères garantissant l’engagement des professionnels qualifiés envers la qualité scientifique du musée et l’accessibilité de ses collections au public