Rencontre
Rencontre - Badou Diallo - Le conteur africain - Octobre 2023
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Une immense impression d’être utile
Badou Diallo, connu à Mantes-la-Jolie sous le surnom de Tonton Badou, est un sage. Sage au point de mettre sa carrière de comédien entre parenthèse à la naissance de son fils. ‘‘ J’avais promis à mon fils de lui donner la meilleure éducation possible. Alors je suis retourné à l’école pour me former aux sciences de l’éducation. Et puis, j’ai eu envie d’éduquer tout court. J’ai décroché un job d’intervenant théâtre aux Mureaux et là, j’ai adapté aux enfants la méthode Stanislavski (méthode d’enseignement d’art dramatique, ndlr). ‘‘
Et puis, de fil en aiguille, il est devenu conteur africain et intervient régulièrement dans les écoles. Badou Diallo est mantais depuis 1984. ‘‘ Je suis né à Saint-Louis, située sur la côte nord-ouest du Sénégal. J’ai grandi à Dakar. Après un BTS en architecture, j’ai obtenu une licence en urbanisme. Grâce à ces études, j’ai pu décoder la ville de Mantes-la-Jolie. Encore aujourd’hui, cela m’aide à parler aux gens et à leur expliquer pourquoi la dédensification des quartiers est importante ‘‘, explique-t-il.
À son arrivée à Mantes-la-Jolie, il découvre la vie associative via l’association Vivre Ensemble. ‘‘ Le metteur en scène Ahmed Madani recherchait des comédiens amateurs pour sa pièce Les Français parlent aux Français. Je me suis retrouvé à jouer une Jeanne d’Arc noire. La passion du théâtre est née à ce moment-là. ‘‘ Badou Diallo veut alors devenir comédien professionnel.
J’ai eu envie d’éduquer tout court
Au bon endroit au bon moment, il rencontre Jean-Claude Penchenat alors directeur d’un théâtre parisien. ‘‘ Nous sommes en 1989 et il prépare le bi-centenaire de la Révolution. Il cherchait quelqu’un pour incarner Nelson Mandela. J’ai décroché le rôle et nous sommes partis en tournée nationale. ‘‘ S’ensuivra L’Os (sorte d’Avare version africaine) avec Dominique Magloire, de nouveau mis en scène par Ahmed Madani, pièce avec laquelle il partira faire le tour de France pendant deux ans.
Après cela, il fait une pause, reprend ses études et se met à chercher un stage au Foyer des Jeunes Travailleurs. ‘‘ Je devais rester 3 semaines, je suis resté 3 ans. Ensuite, je suis rentré comme éducateur pédagogique au collège André Chénier où j’ai travaillé pendant 10 ans. J’y animais un atelier théâtre. Un professeur de français voulait travailler sur des contes. Je lui ai proposé ceux que me racontait la dame qui s’occupait de moi lorsque j’étais petit. ‘‘
Son contrat finissant, il se lance ensuite comme conteur africain en autoentrepreneur. ‘‘ Maintenant, je travaille dans les écoles de la maternelle au lycée, les centres sociaux et même à l’Établissement pénitentiaire pour mineurs de Porcheville. Et j’ai surtout cette immense impression d’être utile. Quand les enfants me disent à la fin de mes interventions : ‘‘ Tu reviens quand Tonton ? ‘‘, c’est ma légion d’honneur. ‘‘
Plus d’infos : www.tontonbadou.com et 06 47 43 09 64.